Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Crissements de plume

L'attrape-cœurs — J.D. Salinger

Première publication : 22 janvier 2016

Renvoyé d’un énième collège, Holden Caulfield quitte la Pennsylvanie pour passer à New York les quelques jours précédant son retour prévu chez ses parents. Livré à lui-même, c’est à peine s’il profite de cette liberté car chaque rencontre le démoralise un peu plus, le renvoie à sa solitude et sa difficulté à trouver sa place dans le monde.

Mon analyse

Avec un indéniable talent, L’attrape-cœurs, publié en 1951 alors que J.D. Salinger n’était qu’un jeune trentenaire, expose les désarrois propres à l’adolescence à travers les yeux du jeune Holden et un langage qui lui correspond, c’est-à-dire très oral, populaire et répétitif. Puisse le lecteur peut-être surpris, voire rebuté par ce relâchement syntaxique d’une admirable constance ne pas refermer ce livre dès les premières pages !

La personnalité de plus en plus attachante d’Holden Caulfield concentre les principales caractéristiques (et donc contradictions) de l’adolescent moyen élevé dans une société occidentale. Son errance dans les rues new-yorkaises le ramène à son indécision concernant son avenir, à sa lucidité croissante qui lui fait émettre des jugements incisifs sur les adultes tout en augmentant son désir de préserver l’innocence spontanée et généreuse des enfants, d’où ce métier rêvé d’attrape-cœurs.

Portant sur le monde un regard désenchanté, il reste tiraillé entre une envie d’émancipation et une attitude immature, l’appel de la liberté et le besoin d’être encore couvé. Holden est une ébauche d’adulte dont on peut tout craindre ou tout espérer, ce qui n’a échappé ni au père Spencer ni au professeur Antolini. Comme son escapade qui l’affaiblit et le fragilise psychologiquement finit par ressembler à une impasse, il perçoit leurs mises en garde de façon différente. La seconde aurait eu encore plus de poids si M. Antolini ne s’était pas permis un geste jugé déplacé par un garçon à fleur de peau.

Bien qu’une petite incertitude soigneusement entretenue plane dans le dernier chapitre, celui-ci montre un Holden moins bouillonnant, moins révolté, prêt à aborder sa prochaine rentrée dans un meilleur état d’esprit.

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article