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Crissements de plume

Nocturnes — Kazuo Ishiguro

Première publication : 16 décembre 2015

La musique rassemble, distrait, élève, mais qu’engendre-t-elle chez ceux qui lui dévouent leur vie avec des succès très divers ? Elle attire des personnes guidées par leur seul intérêt, l’amour d’une vie néanmoins, et qui malgré un attachement mutuel, s’en repartiront pour le même motif. A force de répétitions et de concessions jusqu’au recours à la chirurgie esthétique, elle éloigne les proches tandis qu’aucun sacrifice ne garantit la fin d’un équilibre précaire ou la reconnaissance d’un talent réel. Elle se présente comme un rêve, une aventure qu’il faut tenter, à moins d’accepter que la passion ne se transforme en soupir contenu.

Mon analyse

Kazuo Ishiguro excelle dans la mise en scène des sentiments en accordant une place centrale à la propre musique de l'homme, la parole. Ainsi, le lecteur est invité à décrypter les phrases, chercher les non-dits, traquer les sous-entendus, interpréter les silences.

La musique, loin de n'être qu'un arrière-fond comme ces orchestres sur les places italiennes, joue un rôle à part entière, tel un personnage récurrent. Elle rassemble surtout les vrais amateurs sur une courte période semblable à une sorte de parenthèse enchantée en les élevant au-dessus du quotidien, des a-priori, des tensions, des conflits relationnels.

Dès qu'il s'agit d'en faire son métier, tout se complique et engendre de l'amertume, des désillusions, de la jalousie, provoque des ruptures, voire l'abandon de sa passion.

Kazuo Ishiguro ajoute cependant quelques nuances colorées à son tableau crépusculaire en rapportant des situations assez drôles, comme Emily suspectant son mari d'adultère à cause de son utilisation excessive de fil dentaire. Ce recueil a donc de quoi séduire même les lecteurs peu portés sur les nouvelles.

 

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