16 Octobre 2021
Première publication : 19 juillet 2017
Shimura, météorologue terne et routinier, voit sa vie bouleversée lorsqu’il comprend qu’un individu s’introduit quotidiennement chez lui pour lui dérober de la nourriture.
Mon analyse
Eric Faye s’empare d’un fait divers insolite et ne lui accorde pas plus de pages qu’il n’en mérite, c’est-à-dire une centaine, en traitant le point de vue des deux protagonistes. L’éditeur choisit de mettre l’accent sur l’irruption de l’imprévu dans un quotidien réglé alors que le thème principal repose sur la façon dont nous nous approprions notre logement. Chez Shimura, ce n’est pas la peur qui l’emporte, mais la colère. La maison considérée comme une enveloppe sacrée a été irrémédiablement violée par la simple intrusion d’une inconnue. Ceci dépasse de très loin un éventuel sentiment d’insécurité. Du côté de l’intruse, la maison reste synonyme de réconfort, mais elle constitue surtout un repère pour une femme sans famille qui a perdu son emploi, sa demeure et mangé ses économies. La théorie soutenue s’inscrit dans le temps tandis que celle de Shimura s’ancre uniquement dans l’espace. Selon l’intruse, toute personne qui a habité à un endroit y laisse un peu d’elle-même. Pour y avoir passé son enfance, celle-ci devrait donc avoir le droit d’y revenir dès qu’elle le souhaite. La sobriété de l’écriture s’accorde avec la simplicité de l’histoire et des personnages.